Types iconographiques de la Vierge
Selon la tradition, les icônes de la Vierge Marie ont des origines miraculeuses. La tradition attribue en effet à l'évangéliste Luc, peintre et médecin, trois portraits de la Vierge. Saint Luc les aurait exécutés d'après nature, après la Pentecôte, dans la plénitude du Saint-Esprit. Les trois portraits de la Vierge constituent les trois types canoniques des icônes mariales.
- La Vierge Glycophilousa ou Vierge Eléousa (en slave Umilenie), c'est-à-dire la " Vierge de pitié" représente la Vierge et l'enfant tendrement enlacés. La tradition interprète ce geste comme le moment où le Dieu-enfant révèle à sa Mère le mystère de la mort et de la résurrection. Sur le visage de la Vierge, la douleur, l'amour et la sereine acceptation de la volonté divine s'expriment par les jeux d'ombres et de lumière et la profondeur de son regard triste.
- La Vierge Hodighitria ("celle qui indique la voie") : c'est ainsi que les Byzantins désignaient la représentation de la Vierge portant l'Enfant sur le bras et le montrant de la main comme "voie, vérité et vie". C'est une image solennelle et majestueuse : représenté avec les traits d'un adulte (symbole de sa sagesse divine et de son destin déjà accompli de passion et de mort), Jésus tient le rouleau de la Loi dans une main et lève l'autre en signe de bénédiction.
- La Vierge Orante apparaît de face, en prière, les bras levés au ciel. Tourné vers les fidèles, son regard les invite à s'en remettre au Christ, auprès duquel elle intercède pour l'humanité. Une variante de ce troisième type est appelée la Vierge du Signe, parce que la Vierge, en prière, porte sur la poitrine un médaillon qui représente le Christ Emmanuel, le sauveur avant l'Incarnation. Cette représentation de la Vierge est issue de l'Ancien Testament et plus précisément de la prophétie d'Isaïe : " Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et lui donnera le nom d'Emmanuel."
Le Concile d’Éphèse en 431 a proclamé la Vierge Marie Théotokos, c'est-à-dire Mère de Dieu, ce qui signifie que la Vierge a donné naissance à Dieu et non a un homme devenu Dieu.
Chaque type iconographique a donné lieu à de nombreuses variantes. Dans le calendrier orthodoxe russe on peut ainsi dénombrer 260 prototypes d'icônes de la Vierge Marie et compter plus de 860 modèles dérivés. Généralement c'est le lieu où se produisit le miracle, ou la ville d'où provient l'image peinte qui donne le nom à l'icône.
Malgré la diversité des types canoniques, trois caractéristiques sont communes à toutes les icônes de la Vierge:
En premier lieu, sa robe et son manteau portent les couleurs inversées du vêtement du Christ : Marie, descendante d'Adam, porte toujours une robe bleue, couleur de la création, mais est couverte d'un manteau pourpre, couleur de la divinité et de la royauté, puisque Dieu l'a choisie pour être la Mère du Roi du monde.
En second lieu, les trois étoiles qui ornent le front et les épaules de la Vierge, reproduisent un symbole syriaque de virginité (il était brodé sur le voile nuptial des princesses), qui rappelle la virginité de Marie, avant, pendant et après l'enfantement.
Enfin, la Vierge est toujours représentée avec le Christ ou dans une composition qui évoque le Christ. L'icône traduit en effet le mystère de l'Incarnation.
Types iconographiques du Christ
La tradition reconnaît trois types canoniques:
- Le Christ Archeiropoietos , "qui n'est pas fait de main d'homme", considéré comme la représentation la plus ancienne et la plus fidèle de Jésus parce qu'elle fut imprimée par le Christ lui-même sur un drap de lin (le mandylion) et envoyée à Abgar, roi d'Edesse, qui était gravement malade.
Le centre de la composition est le visage du Christ. Son expression est sévère, mais aussi infiniment miséricordieuse. Son visage exprime l'amour douloureux et passionné pour l'humanité qui le porta à mourir pour racheter la Création et lui permettre de participer à la vie éternelle.
- Le Christ Pantocrator, "le Tout- Puissant", expression de l'épiphanie du Dieu transcendant, qui a pris forme humaine.
Le Christ apparaît comme celui qui donne la vie à l'être, le Seigneur de la vie, le Tout-puissant. Représenté en buste, la main droite levée en signe de bénédiction, alors que la main gauche porte un livre ouvert ou fermé, symbole de sa Loi. La tunique (chiton) pourpre (couleur impériale) exprime le pouvoir du Christ sur le monde et, d'après la tradition populaire, l'affirmation de sa divinité, alors que le manteau (himation) bleu symbolise l'humanité qui lui fut conférée par l'Incarnation.
Le fond généralement doré représente la lumière incréée de Dieu, qui baigne le Christ-homme, alors que le nimbe, qui est aussi doré, symbolise la lumière divine qui émane du Christ-Dieu. Une croix est inscrite dans le nimbe. Sur les bras de la croix figurent trois lettres grecques OWN qui signifie "Celui qui est", le nom sacré de Dieu.
- Le Sauveur en majesté entouré par les Puissances. Des orants convergent vers son trône et le supplient d'accorder sa miséricorde à l'humanité des pêcheurs.
Le Christ est vêtu de lumière : les fines hachures dorées (assiste) qui ornent son habit évoquent la lumière. Son trône est inscrit dans un cadre rouge, qui lui-même est inscrit dans un cadre bleu, symbole du ciel et de l'éternité, d'où émergent le visage et les ailes des Séraphins. Derrière le cercle apparaît un autre carré rouge, dont les angles sont ornés des symboles des quatre évangélistes. Cette composition complexe est dominée par la figure du Christ, splendide et hiératique, dispensateur de vie et vainqueur éternel de la vie : le Christ du jugement dernier qui indique de sa main droite la seule loi à suivre, son Evangile.
Sources: Les icônes. L'histoire, les styles, les thèmes, du VIè siècle à nos jours. Olga Popova, Engelina Smirnova, Paola Cortesi. Editions Solar
Pour en savoir plus , visitez le site Art et Histoire des Icônes en Russie du Xe siècle à nos jours
http://www.histoire-russie.fr/icone/symbol.html